mercredi 29 juin 2011

Culpabilité d'exister

"Le monde est dangereux à vivre non à cause de ceux qui font le mal mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire." disait Albert Einstein.

Moussa, 33 ans, a été jugé coupable en juin 2004 suite à des accusations d’attouchements sexuels sur des enfants de trois et cinq ans dans une crèche. Au moment de prononcer sa sentence, en mai 2004, il était clair que ce délinquant est à contrôler par la suite.

C’est que ces actes étaient motivés par la haine. Il aura fallu toute la ténacité d’une jeune mère pour que cet aspect sordide de l’affaire soit reconnu, quand nombreux parents étaient ceux qui auraient préféré faire silence sur cette réalité.

<< : J’ai reconnu, dès l’ouverture de mon procès le viol des deux petits enfants, je ne voulais pas m’agacer en multiplions les déclarations désastreuses, tout en me posant en victime de crimes de la société, de l’état et du système judiciaire, j’avoue avoir été abandonné à mes pulsions pédophiles par tous, on m’a laissé et on m’a appris à faire ce que je voulais, mais je révèle quand aux deux garçons violés qu’il n y’ avait pas de pénétration, ils étaient trop petits, mes gestes et faits sont des simples attouchements, et non pas des viols, est ce que c’est parce que j’ai subi des violences sexuelles et physique toute ma vie que j’ai fais cela ? Certes On m’a laissé faire>>.

Lors de sa sortie de prison, l’homme, aux prises avec des déviances sexuelles multiples, devra en principe ne pas entrer en contact avec des mineurs, la société devra lui imposer des conditions, dont une d’être suivi en psychiatrie pour ses problèmes sexuels.

En plus de devoir s’abstenir de fréquenter parcs, lieux publiques, terrains de jeux, cours d’école, garderies et autres endroits où pourraient se trouver des enfants, celui ci ne pourra pas se trouver en présence d’enfants que s’il est accompagné d’un adulte responsable et étant au courant de sa délinquance sexuelle. Je crois qu’il est dangereux même dans une relation avec une femme.

Au lieu de tout cela il s’est laissé aller. Et imaginer la suite.

Revenant un peu en arrière pour comprendre sa personnalité, s’il en a une :

J’habitais un douar dépourvu de tous les services, dont l’électricité et l’eau courante. un concentré de faillites éducatives, La centaine de maisons est construite avec des matériaux de fortune, un robinet sanitaire public permet aux habitants de s’approvisionner en eau potable qu’ils doivent transporter dans des bidons d’huile et seaux.

Se réveiller le matin, avoir son petit déjeuner préparé, partir à l’école, revenir le soir à la maison pour dîner, prendre un bain et se coucher dans un lit. Voilà la norme! Malheureusement, ce n’est pas celui qui règne dans cette maison où papa boit, maman pleure et fume. Lorsque papa est fâché, il frappe maman. Je m’en souviens comme si c’était hier. Il faisait noir. C’était un vendredi. Je me suis enfuit de la maison, je voulais faire pipi en absence de toilette à la maison, mon père était entrain de frapper ma mère.

Il était environ 22h 00. Un homme est arrivé vers moi, a sorti un couteau et m’a demandé de me taire, le couteau sous ma gorge. Je n’avais plus le choix. Je voulais courir mais mes jambes ne me portaient plus. Je voulais crier mais aucun son ne sortait. J’ai voulu éviter ça mais mon corps ne répondait plus à mon cerveau. Il m’a alors frappé et traité de gay. Il m’a plaqué contre ce mur dans un recoin, personne ne pouvait nous voir. De toute manière, il n’y avait jamais personne là-bas. Mon pantalon était déjà baissé. J’étais paralysé par la peur, même les larmes ne sortaient pas. Puis il a ouvert sa braguette et en a sorti son sexe. Je ne voulais pas voir ce qui allait arriver. Il a forcé mais il a finalement réussi à enfoncé son sexe dans mon derrière. J’avais mal. J’ai saigné. J’ai cru que j’allais mourir de douleur tellement j’avais mal. A ce moment-là, j’avais l’impression que mon corps ne m’appartenait plus. Il a fait un drôle de cri puis il s’est retiré et est parti en courant me laissant là.

C’est à ce moment-là que j’ai pleuré. Toutes les larmes de mon corps. Quelque chose en moi s’était brisée. J’ai pleuré pendant près de 5 heures avant de réagir. Après ça, je me suis sauvé. J’avais honte. Je suis rentré à la maison. Cette scène m’a marqué à vie. J'ai gardé ces faits en moi pour toujours, je n'ai pas essayé de les oublier. Et puis mes parents qui ne se sont pas rendus comptent que quelque chose n'allait pas. Ils avaient bien vu que je n'étais pas normal mais ils ne m'ont pas posé de questions, je doute qu’ils sont eux aussi normaux.

Je n’avais plus rien, j’étais un monstre de douleurs et de souffrances .mon cerveau était une bombe qui explosait tout le temps, mon corps était continuellement déchiré, moi qui a connu les viols, l’inceste, la dépression, la drogue et l’alcool, une dévalorisation extrême de ma personne, la honte de vivre, la culpabilité d’exister, et le remord intense d’avoir osé naître.

Je suis resté vivant uniquement pour savoir pourquoi était –je depuis si longtemps dans cet état proche de la décompression ?sur l’ensemble de ma vie, je n’arrivais pas à trouver le moindre bon souvenir à raconter, pourquoi vivre était si compliqué.

Parfois je fais semblant de rêver d’être une autre personne, active et munie d’une joie de fierté et de vivre indestructible. Je pensais et je rêvais des petits plaisirs quotidiens, je rêver surtout de ne plus être harcelé par ces sentiments de dégouts et de honte de moi-même. Cette vie n’est pas la mienne, je ne l’aime pas, ce corps si sale ne peut pas être le mien, a moins que ce soit un défi que la vie m’a donné.



Je me demande à quoi peut bien servir la violence. Ce mot ne devrait même pas figurer dans le dictionnaire! Pourquoi faire du mal? Personne n’aime avoir mal, personne ne désire avoir mal et personne ne dort sur ses deux oreilles après avoir fait mal. Mais c’est la vie.

Cette vie qui m’a gavé de haine, violence, je suis devenu le résultat des crimes des adultes, de la nonchalance de la société, ce n’est pas triste, c’et le monde d’aujourd’hui, chacun sa vie, chacun se démerde comme il peut. Vous les adultes vous tuez tellement d’enfants, pourquoi mettre des enfants sur terre si c’est pour les détruire ?

Un jour, mon père est entré en prison. Ma mère s’est fait un nouveau copain/mari qui m’a fourni du hachich. Ensuite, il prenait soin de moi et me fournissait de la drogue.

Moi, je consommais trop, pour cela son mari m’a forcé à se donner à lui. Il me répétait aussi qu’il m’aimait quand même, ma mère lui avait raconté ma scène de viol et ça l’a encouragé à abuser de moi sexuellement et facilement.

La première fois, c’était un soir, en l’absence de ma mère il a fermé la porte à clef derrière moi et il a commencé à me toucher, j’ai crié non plusieurs fois mais il continue et puis m'attire...puis il s’est passé ce qu'il s’est passée et je suis sorti me laver

J’ai cru que cela pourrait être un destin comme un autre. Et puis, je ne faisais cela qu’avec lui au moins et sans couteau sous la gorge.

Aussi J’étais jeune. Cela me paraissait bien moins pire que quitter le foyer. Je me foutais des conséquences.

Deux mois après avoir connu tout cela, j’ai dû quitter l’école parce que ça n’allait plus du tout. Je me droguais pour oublier et pour en être capable et pour le prouver aux garçons du quartier et à ma pute de mère.

Je me faisais de moins en moins respecter, puisque le mari de ma mère frappait ma mère, il raconte partout qu’il me sautait et que je suis une fillette.

J’ai du quitter la maison, je dormais n’importe ou, mais pendant l’hivers pour ne pas dormir dehors, pour retrouver un peu de chaleur ,Je devais parfois coucher avec un, deux, trois ou quatre gars à la fois et ils ne faisaient pas toujours attention pour les maladies. Si je voulais arrêter, ils me battaient. Ils n’auraient pas dû me traiter comme ça. Je me suis longtemps posé la question de savoir si ces abus sexuel avait un impact sur ma vie sexuel dans l’avenir.

Pour cela J’ai changé de quartier, je me suis procuré un coteau et j’ai pensé à me faire un peu d’argent, j’ai commencé à m’occuper des garçons de la rue, j’ai trouvé des fugueurs auxquels j’ai proposé mon aide. Ils ne voulaient pas se retrouver tous seuls, j’ai trouvé que c’est facile de les sauter, ils sont maigres, souvent ils ont faim et ne protestent pas beaucoup, ils n’ont rien à perdre.

On prend soin les uns des autres, je leur donnais de l’argent s’ils se donnent à moi quand je veux.

Avec les années, sans encadrement et à se débrouiller seul, nous avons développé des moyens de survie.

Un enfant qui manque d’affection et d’encadrement risque plus d’adhérer à la délinquance, c’est le seul moyen qu’il trouve pour combler un vide intérieur. Certes la majorité des petits issus des milieux pauvres ont grandement besoin d’attention, de valorisation ainsi que de protection. J’essais de combler ce vide.

Pour une soirée, je quitte ce quartier et je me retrouve dans un autre que je ne connais pas vraiment. J’avais le goût de consommer du hachich. Je me renseigne. Rapidement, j’identifie un endroit où l’on en vend.

Après avoir fait mon achat, je croise un gang. Ils sont 3 et armé. Ceux-ci pensent que je suis dans le secteur pour vendre de la drogue. C’est défendu, c’est leur territoire. Une bagarre débute. J’empoigne un couteau que j’avais sur moi et je réussi à me sauver.

Je me fais arrêter. En cour, ils étaient représentés par des avocats. Seul avec l’aide juridique, je ne réussis pas à démontrer que j’étais en légitime défense. Je me retrouve avec une sentence de trois ans ferme.

C’est vrai que je me promène avec un couteau et que j’ai poignardé un gars. Mais j’étais en légitime défense.

En sortant de la prison, j’ai souhaité que le temps faisant son œuvre, que je pourrais de nouveau me balader librement dans les rues, s’approcher les enfants encore une autre fois, mais cette fois pas les enfants pauvres. J’ai pensé aux écoles, garderies et crèches comme terrain de jeu. Je sens toujours que j’ai un penchant avéré pour les mineurs, que j’ai du mal à contrôler.

Trouver un job dans une école privé comme gardien ou maitre, n’est pas chose difficile, surtout si vous n’êtes pas trop exigent coté salaire et indemnité, je suis à peu près vieux, mon visage le dit à cause de ma pauvreté, ce sont des signes de sagesse.

J’ai expliqué à la directrice de l’école que ce que je veux c’est uniquement trouver un lieu au dormir, je travaillais comme concierge, garde pour les petits surtout en l’absence des professeurs entre midi et deux, je ne discute pas de salaire et ça l’a encouragé à me donner encore et encore des travaux, faire des achats, laver les voitures et/ou accompagner ses enfants quelques fois. Je ne voulais pas cette vie, mais loin des enfants je me sens en dépression, je n’avais plus de passion que cela, je n’arrive pas à me concentrer si je m’éloigne, et quand le soir arrive je me retrouve à penser au suicide, je suppose que c’est vrai : que mieux vaut courir après son bus que de ne plus respirer du tout.

C’est ainsi que l’histoire a débuté m’entraînant par la suite à trois ans de prison...suivre.